Depuis le 10 janvier, Dallas est devenu le théâtre du procès Oculus/Zenimax, deux géants de la tech. Zenimax Media, entreprise de développement, d’édition et de distribution de jeux vidéo, qui reproche à son adversaire, Oculus, d’avoir illégitimement utilisé ses technologies.
Vol de documents et trahison
Depuis plusieurs années, Zenimax, à l’origine de licences prestigieuses comme Fallout, The Elder Scroll, Quake ou encore Doom, accuse Oculus d’avoir développé son casque VR en utilisant de façon frauduleuses ses technologies. L’éditeur de jeu met en lumière le rendez-vous entre John Carmack et le fondateur d’Oculus. En 2012, alors employé de iD Software, studio de développement appartenant à l’entreprise américaine, Carmack aurait rencontré Palmer Lucky, fondateur d’Oculus VR, pour lui présenter un prototype de casque de réalité virtuelle. Selon Zenimax, Carmack aurait copié des milliers de documents présents sur son ordinateur et ceux d’autres employés de l’entreprise. Pire encore, l’homme aurait fourni composants matériels et logiciels à Oculus VR, qu’il rejoindra le 22 novembre 2013.
Procès Oculus : Facebook, complice ?
L’entreprise Zenimax Media ne veut pas en démordre : l’Oculus a été créé sur une base illégitime. L’éditeur a publiquement exposé ses doléances dans un communiqué de presse qui attaque directement Palmer Lucky, remettant en cause ses compétences. Le document explique que l’entrepreneur n’a pas les connaissances et capacités nécessaires pour avoir créé l’Oculus Rift. Le plaignant va plus loin et assure que, lors du rachat d’Oculus en mars 2014, Facebook et son célèbre fondateur lui-même étaient conscients qu’une partie de la technologie avait été volée.
Zuckerberg dément le vol de technologie
Entendu mardi par les juges de Dallas dans le cadre du procès Oculus vs. Zenimax, Marc Zuckerberg, a été longuement questionné sur son lien avec Oculus : où la startup a-t-elle obtenu ses idées ? Que savait Facebook lors du rachat qui lui a coûté 2 milliards de dollars ? Pour l’occasion, le CEO de Facebook a délaissé son sempiternel look T-shirt/jean. Vêtu d’un costume sombre et d’une cravate rayée, Zuckerberg a fait face à un avocat de Zenimax plutôt aggressif. “Améliorer une technologie n’en fait pas votre propriété. Si vous voulez mon vélo, le peignez et y ajouter une clochette, devient-il votre vélo?” questionne, pour la rhétorique, Me Tony Sammi. Semblant garder son calme, le fondateur de Facebook répond alors par la négative et d’ajouter “l’idée que la technologie de l’Oculus est basée sur celle la propriété d’un autre est simplement erronée”. Le milliardaire trentenaire assure que la technologie Oculus n’était pas encore au point lorsqu’il a acquis la startup.
Le rachat d’Oculus a coûté plus que ce que l’on croyait
Zuckerberg a ensuite expliqué que la réalité virtuelle était une importante partie du business futur de Facebook, particulièrement maintenant que la technologie devient moins onéreuse et ses usages mieux définis. La patron du premier réseau social mondial a poursuivi en détaillant l’acquisition de la jeune pousse VR. Durant ce procès Oculus/Zenimax, on apprend que ce rachat a en réalité coûté plus que les 2 milliards annoncés : 700 millions de dollars ont ainsi été dépensés pour maintenir en poste les employés et 300 millions ont servi à atteindre les objectifs. Il confie qu’Oculus réclamait au départ 4 milliards de dollars.
Lorsque Me Sammi interroge Zuckerberg afin de déterminer si “Facebook savait ce qu’il faisait lorsque l’entreprise a acquis de Oculus”, l’homme à la tête du réseau social explique que le deal aurait été réalisé en un week end. Et l’avocat de répondre qu’un délai si court ne permet pas de mener les vérifications nécessaires au rachat d’une société. En effet, lors de son dernier témoignage, Zuckerberg avait déclaré que Facebook s’était intéressé à Oculus durant des mois.
“Il n’est pas rare, lorsque l’on annonce un deal important, que des personnes sortent de nulle part pour réclamer une part qui leur serait due” se défend Zuckerberg.
Zuckerberg défend Oculus
Quant à l’implication de John Carmack, qui aurait utilisé du code provenant de son ancien employeur, Zuckerberg continue sur sa lancée et dément : “il n’y a aucun code partagé dans ce que nous faisons”. Le trentenaire a expliqué être intéressé par la réalité virtuelle depuis qu’il était étudiant. Avant sa découverte d’Oculus, il pensait que cette technologie prendrait encore des décennies avant d’être véritablement fonctionnelle. S’adressant aux jurés, il a ensuite décrit comment il avait utilisé la réalité virtuelle pour capter les premiers pas de sa fille, pour que ses grand-parents puissent ensuite en profiter. “Nous voulons nous rapprocher de ce type de représentation, pour que chacun puisse capter les moments qui lui sont chers” conclut-il. Zuckerberg saura-t-il attendrir les jurés du procès Oculus/Zenimax avec de telles anecdotes ? Rien n’est sûr mais nous attendons l’issue de l’affaire avec impatience.
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