Edo VR, c’est le nom du projet fou de Oishi Shinkyo, moine bouddhiste qui a décidé de se lancer dans la VR il y a 6 mois. Retranscrire virtuellement la période Edo, c’est le pari que lui et sa start-up se sont lancés. Retour sur ce projet incroyable.
La période Edo s’étend de 1603 à 1868, souvent représentée dans les films et romans, elle n’a que rarement été fidèlement retranscrite. Considérée comme une période calme par beaucoup du fait du retranchement du Japon qui s’était alors coupé du monde, il s’agissait en réalité d’une période mouvementée. Pour Oishi Shinkyo il est important que la génération actuelle, en particulier les plus jeunes, est une approche moins stéréotypée de cette période. « Les séries TV proposent souvent une version très fantaisiste de cette période, et incluent des éléments anachroniques. À cause de cela, les connaissances du grand public demeurent très lapidaires. Les gens pensent par exemple qu’il s’agissait d’une période de l’histoire particulièrement paisible, alors que ce n’est pas du tout le cas. »
Les enfants sont encore à l’abri de la plupart des représentations romantisées distribuées par les œuvres culturelles comme le cinéma, les mangas et animes, les jeux vidéos et la littérature, il conviendrait selon lui de leur transmettre une vision fidèle et attractive de la période Edo. La VR pourrait donc bien être la solution pour rendre l’Histoire plus intéressante, car si n’importe quel historien vous dira qu’il s’agissait d’une période fascinante, il y a fort à parier qu’un enfant ne soit pas si emballé à l’idée de contempler les richesses de cette période au travers de son manuel d’Histoire. En revanche si le manuel d’Histoire laisse place à un monde en 3D immersif où l’enfant est libre de se balader dans les allées, de converser avec les marchands, de rentrer dans les maisons, il saura sans doute plus à même à s’intéresser à l’Histoire féodale du Japon.
« Je veux vraiment que les gens puissent se documenter sur la période de manière divertissante. » se confie Oishi Shinkyo, « L’époque d’Edo a été assez unique dans l’histoire du Japon, et pourtant nous n’en avons pas beaucoup de représentations réalistes ».
Un parcours étonnant pour Edo VR
Oisgi Shinkyo a sans doute un des parcours les plus surprenants dans l’Histoire des start-up de la VR. Moine bouddhiste, il est rentré à l’Université de Ryukoku avant de se lancer dans l’informatique et les jeux vidéo. Il lance AVATRA, sa start-up de réalité virtuelle il y a six mois. Mais il n’a pas pour autant abandonné sa première fonction et reste encore aujourd’hui moine « à temps partiel ».
Une reconstitution fidèle
Pour réaliser Edo VR Shinkyo s’est associé avec Nobuo Nakamura, historien en art. Ensemble ils tentent de reproduire le quartier de Nihonbashi jusqu’au quartier de Kanda en se basant sur une représentation de Kidai Shoran, un artiste japonais de l’aire Edo.
« La plupart des estampes ne représentent qu’une scène, mais cette œuvre montre toute la rue, en détail. C’est un peu le Google Street Map du passé. »
Un récit interactif à venir
Bien que le projet n’en soit qu’à ses prémisses, Shinkyo a de grands espoirs dans Edo VR et il espère pouvoir offrir plus de liberté à l’utilisateur, le faisant passer de spectateur à joueur en ajoutant de l’interaction dans son œuvre.
« Nous sommes en pleine campagne de crowdfunding. Actuellement, l’objectif est de recréer des sections du Tokyo de l’époque d’Edo. Nous tâtonnons encore un peu, mais après cela nous nous attaquerons à un projet de jeu avec un vrai récit, qui s’attachera à retranscrire des événements historiques spécifiques »
A termes, il désirerait rendre sa création disponible pour les musées et les écoles. On peut alors se demander si un tel projet n’aurait pas plus de succès en tentant d’obtenir un financement auprès de certains organismes gouvernementaux liés à l’éducation et à la culture, plutôt qu’à Kickstarter. Car si cette plateforme peut représenter une véritable mine d’or pour certains, il est parfois compliqué d’obtenir un quelconque financement si le potentiel investisseur ne se sent pas concerné directement, s’il n’a pas le sentiment d’être la cible principale du projet.
Histoire, culture, et nouvelles technologies
C’est un fait, aujourd’hui il devient compliqué de se passer de la réalité virtuelle et augmentée, et les institutions gouvernementales l’ont bien compris. Les musées et les écoles commencent à s’y intéresser, et le projet d’Edo VR pourrait être un des premiers à concrétiser cette nouvelle pratique. Rendre l’histoire et la culture plus attractive, en la rendant plus vivante, réelle, et ludique, pourrait être la clef de l’apprentissage scolaire… Du moins dans certaines matières.
https://www.youtube.com/watch?v=3dAW2Q6OpNg
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