L’entreprise EyeMind s’apprête à commercialiser une version développeur de son casque de réalité virtuelle Brainwave VR. Cet appareil se distingue par la possibilité de le contrôler uniquement par la pensée grâce à l’interprétation des ondes cérébrales.
Il y a plus 20 ans de cela, Dan Cook commença à explorer le potentiel commercial des ondes cérébrales. À l’époque, il offrait ses services à une agence gouvernementale qui souhaitait développer un meilleur détecteur de mensonges, et à des entreprises pharmaceutiques qui essayaient de comprendre l’impact neurologique des médicaments.
C’était en 1993, et la réalité virtuelle n’était encore qu’une lubie réservée aux geeks excentriques. Cependant, Cook imaginait déjà des avatars animés par des signaux du cerveau humain. Il décida alors d’abandonner son travail à l’UC Berkeley dans les sciences cognitives pour s’attaquer au business.
Brainwave VR
Maintenant que la VR est devenue mainstream, Cook est persuadé que les technologies de lecture des ondes cérébrales doivent entre en action. Son entreprise EyeMynd souhaite créer un système d’exploitation capable de transformer les ondes en actions au sein d’environnements virtuels. Il serait alors possible d’utiliser les casques de réalité virtuelle sans contrôleur, sans accéléromètre, sans capteur de mouvement et sans caméras, uniquement par la pensée.
Selon Cook, d’ici 10 ans, une telle technologie semblera évidente. Les ordinateurs sont désormais assez puissants pour interpréter tous les signaux cérébraux, sensoriels, cognitifs et émotionnels en temps réel. Au printemps 2017, EyeMynd, basée à Salt Lake City et San Francisco, prévoit de lancer un casque Developer Brainwave VR. Cet appareil regroupera 16 électroencéphalographes pour détecter les ondes cérébrales, et convertira ces ondes en commandes informatiques grâce à Brainwave OS.
Smile with Lucy
La première version du casque sera réservée aux développeurs, qui pourront utiliser le toolkit pour créer des applications. Au commencement, un seul jeu sera inclus. « Smile with Lucy » est davantage destiné à calibrer le cerveau de l’usager qu’à le divertir. Pour le moment, le processus prend presque une heure mais sera bientôt réduit à trois minutes. L’utilisateur doit imiter les expressions faciales d’un avatar pour que le logiciel détecte les patterns d’ondes cérébrales propres à chaque personne.
EyeMynd n’est pas la seule entreprise à vouloir démocratiser les technologies d’ondes cérébrales. Emotiv et NeuroSky ont d’ores et déjà commercialisé des casques à électroencéphalographes destinés à l’usage scientifique. D’autres s’intéressent aux applications marketing. Pouvoir surveiller directement les réactions subconscientes d’un utilisateur à une publicité représente le saint Graal pour l’industrie de la publicité. Cependant, Cook et son équipe visent davantage les secteurs de la santé et de l’éducation.
EyeMynd, une entreprise convaincue et déterminée
De nombreux spécialistes se montrent sceptiques à l’égard du potentiel commercial de cette technologie. La plupart des neuro-scientifiques considèrent que les signaux électriques du cerveau nécessitent une intervention chirurgicale en laboratoire pour être lus avec précision. Selon Jack Gallant, directeur du Neuroscience Lac d’UC Berkeley, le décodage des signaux cérébraux est freiné par le squelette humain qui agit comme un filtre. La puissance informatique et les moyens financiers requis sont donc prohibitifs.
Cependant, Dan Cook ne compte pas laisser le scepticisme se mettre en travers de sa route. Il mène sa quête depuis 20 ans, et se trouve sur le point de parvenir à ses fins. Il compte ouvrir un bureau en Chine en 2017, et commencer à livrer la version développeur de son casque au printemps prochain. On ignore pour l’instant le prix et la date de sortie précise du Brainwave VR.
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