Skyrim VR est enfin disponible sur Steam VR pour HTC Vive, Oculus Rift et Windows Mixed Reality à compter de ce 3 avril 2018, près de six mois après sa sortie sur PlayStation VR. Alors, que vaut ce nouveau portage en réalité virtuelle du mythique jeu de rôle de Bethesda ? Les problèmes de la version PSVR ont-ils été corrigés ? L’heure du test est arrivée.
Le 17 novembre 2017, Bethesda lançait Skyrim VR sur le casque PlayStation VR de Sony. Six ans après la parution initiale de Skyrim sur consoles et PC, le célèbre jeu de rôle s’est offert une seconde jeunesse grâce à la réalité virtuelle. Immersive et envoûtante, l’expérience a permis à de nombreux fans de redécouvrir (ou de découvrir) l’un des meilleurs opus de la saga The Elder Scrolls en se plongeant littéralement dans le monde de Bordeciel.
Toutefois, malgré ses nombreuses qualités, ce portage PSVR péchait par de nombreux problèmes inhérents à l’appareil. Un système de tracking hasardeux, des contrôleurs peu ergonomiques, et des graphismes décevants comptent parmi les faiblesses de Skyrim VR sur PS4. Ce 3 avril 2018, Skyrim VR sort (enfin) sur Steam VR pour HTC Vive, Oculus Rift et Windows Mixed Reality.
A priori, ces casques VR pour PC peuvent proposer des performances graphiques nettement supérieures au PSVR (à condition de tourner sur un ordinateur suffisamment puissant). Surtout, leurs contrôleurs à détection de mouvement et leurs systèmes de tracking de mouvement et de position sont nettement plus avancés. L’heure est venue de vérifier si ces avantages suffisent à permettre à Skyrim VR de dévoiler tout son potentiel…
Présentation générale de Skyrim VR
Modes de jeu : 1 joueur
Disponibilité : 3 avril 2018
Prix : 59,99 euros
Développeur : Bethesda
Genre du jeu : RPG (jeu de rôle)
Compatibilité : Steam VR (HTC Vive, Oculus Rift, Windows Mixed Reality)
Testé sur : Oculus Rift
Scénario de Skyrim VR : c’est reparti pour un tour
On prend les mêmes et on recommence. Sans surprise, le scénario de Skyrim VR pour PC reste identique à celui de la version PSVR, lui-même inchangé par rapport au jeu d’origine.
Si vous ne vous êtes jamais plongé dans cette aventure, l’action prend place dans la province de Bordeciel, sur le continent de Tamriel, 200 ans après les événements d’Oblivion (le précédent jeu de la saga). La zone est en pleine guerre civile suite à l’assassinat du haut-roi de Bordeciel par le chef rebelle Ulfric Sombrage. Les nordiques indépendantistes s’opposent à ceux qui continuent à soutenir l’empire. En outre, l’empire doit faire face à la faction elfique des Thalmors.
L’histoire débute alors que votre personnage s’apprête à être exécuté dans le fort d’Helgen, aux côtés du chef nordique Ulfric Sombrage. Au moment où le bourreau s’apprête à vous décapiter, les dragons disparus depuis des siècles font leur grand retour et vous sauvent la vie sans le voulir. Profitant de la panique, votre personnage parvient à s’échapper par un passage souterrain. Après avoir gagné le village de Rivebois, il doit s’empresse d’aller avertir la châtellerie de Blancherive pour demander l’aide du jarl face au retour des dragons.
S’en suit une extraordinaire épopée durant laquelle votre avatar devra faire face au terrifiant Alduin, Le Dévoreur de Mondes, un seigneur dragon dont le but est de détruire le monde. Le personnage découvrira au passage qu’il est le Dovahkiin, à savoir l’Enfant de dragon. Toutefois, et c’est toute la richesse du jeu, rien ne vous oblige à suivre la trame principale.
Des centaines de quêtes annexes sont disséminées dans ce vaste monde ouvert, et la liberté laissée au joueur est totale. Comme dans les autres épisodes de la saga Elder Scrolls, le joueur peut intégrer de nombreuses guildes et factions diverses. Il est même possible de construire une maison et de se marier pour mener une vie paisible…
C’est donc toujours un plaisir de revivre cette grande aventure épique, d’autant plus en réalité virtuelle. Toutefois, Skyrim a été décliné sur un tel nombre de supports (encore récemment sur Nintendo Switch) que les joueurs les plus rodés risquent de commencent à ressentir un sentiment de lassitude. Il est regrettable que les développeurs de renom comme Bethesda ne concentrent pas leurs efforts sur du nouveau contenu spécialement créé pour la VR.
Gameplay de Skyrim VR : les défauts de la version PSVR sont-ils corrigés ?
Si vous n’avez jamais joué à Skyrim, sachez qu’il s’agit d’un jeu de rôle en vue à la première personne orienté action. Après avoir choisi la race de son personnage, le joueur est libre de choisir son style de combat. Il est possible de manier les armes blanches, l’archerie, la magie, ou même d’opter pour un style plus furtif en usant d’une dague. En tant qu’enfant du dragon, le personnage peut aussi utiliser des pouvoirs draconiques sous formes de cris de dragon.
Tout au long de son périple, le joueur collecte de l’équipement et des objets consommables tels que des potions. On retrouve aussi un système d’artisanat permettant de créer son propre équipement et de l’enchanter, ou encore de s’adonner à l’alchimie.Dialoguer avec les personnages permet de recevoir des quêtes, et le joueur est libre de parcourir le monde à sa guise. En bref, Skyrim est un RPG en monde ouvert dans les règles de l’art.
En ce qui concerne la version VR, la principale différence avec la version classique est que le joueur ne joue pas avec une souris et un clavier, mais avec des contrôleurs à détection de mouvement. Ainsi, le joueur manie une épée virtuelle comme une véritable épée en bougeant sa main pour frapper dans la direction souhaitée, comme s’il tenait vraiment la poignée de son arme. De même, pour utiliser un bouclier afin de parer une attaque ennemie, il faut réellement brandir son contrôleur comme si l’on tenait le bouclier dans sa main.
Ainsi, les combats sont particulièrement dynamiques et réalistes. Cependant, autant le dire d’emblée : les contrôleurs Oculus Touch et Vive Wand améliorent largement l’expérience par rapport aux PlayStation Move et à la manette DualShock du PSVR.
Les deux systèmes de locomotion proposés sont les mêmes que sur le casque de Sony : la téléportation, ou le déplacement au joystick. Toutefois, la jouabilité est nettement plus intutive. C’est particulièrement le cas avec les joysticks des Oculus Touch. Pour tourner, plus besoin de presser un bouton comme sur les PS Move. Il suffit de tourner le joystick dans la direction souhaitée.
De même, les capteurs Oculus Sensor (Oculus Rift) et Lighthouse (HTC Vive) délivrent un système de tracking nettement plus abouti. Il est enfin possible de faire de grands gestes pour jouer de la lame sans avoir à craindre de sortir du champ de tracking. On a davantage l’impression d’utiliser vraiment ses mains. De plus, le room scale tracking permet de se déplacer à 360 degrés dans l’espace de jeu, là où le PSVR obligeait le joueur à rester face à la caméra.
Malgré ces améliorations par rapport à la version PSVR, le système de combat de mêlée reste un peu décevant. Qu’importe l’arme blanche que l’on manie, aucune sensation de lourdeur n’est retranscrite. On agite donc une hache imposante ou une épée bâtarde comme s’il s’agissait d’une brindille.
En revanche, le combat à l’arc et l’usage sont réellement jubilatoires. Jeter des sorts du bout de vos doigts vous donnera l’impression d’être un vrai sorcier, d’autant qu’il est possible de lancer simultanément un sort avec chaque main dans deux directions différentes. De même, le maniement réaliste de l’arc fera appel à votre agilité et votre précision. En bref, les faiblesses de la version PSVR sont corrigées par ce portage Steam VR, comme on pouvait s’y attendre. Nous n’avons toutefois pas eu l’occasion de vérifier si c’est le cas sur les casques Windows Mixed Reality.
Durée de vie de Skyrim VR : l’histoire sans fin
Skyrim est sans doute l’un des jeux solo offrant la plus grande durée de vie dans l’histoire du jeu vidéo. La preuve : alors que le jeu est sorti sur consoles et PC en 2011, certains continuent d’y jouer inlassablement encore aujourd’hui. La liberté laissée au joueur est telle qu’il est possible d’y revenir encore et encore sans jamais s’ennuyer, d’inventer sa propre histoire, de développer son personnage à l’infini.
Cette version VR réunit les trois extensions (Dawnguard, Heartfire et Dragonborn) et propose donc une quantité de contenu colossal. On déplorait au départ l’impossibilité d’utiliser les nombreux mods créés par la communauté d’e fans du jeu original, qui augmentent fortement l’intérêt et la rejouabilité du titre. Cependant, même si les mods ne sont pas pris en charge de façon officielle, les utilisateurs ont déjà trouvé un moyen de rendre Skyrim VR compatible avec le modding ! Un avantage de plus par rapport à la version PSVR, donc.
En plus des nombreux mods développés pour le jeu d’origine et officieusement compatibles avec Skyrim VR, les utilisateurs ont déjà commencé à créer des mods spécialement pour Skyrim VR. Par exemple, il est possible de remplacer les contrôleurs qui s’affichent à l’écran en dehors des combats par des mains virtuelles, ce qui permet d’augmenter la sensation d’immersion.
De même, un mod permet de lancer des sorts en utilisant des commandes vocales comme un véritable sorcier incantant ses sortilèges. Là encore, la sensation d’immersion s’en trouve amplifiée. Le modding confère donc à cette version un potentiel bien plus vaste que la version PSVR. Nul doute que les joueurs laisseront libre cours à leur imagination au fil du temps pour créer des mods transformant encore plus profondément l’expérience.
Graphismes et bande-son de Skyrim VR
Les graphismes sont probablement le point le plus décevant de cette version PC de Skyrim VR d’un point de vue technique. Certes, les PC VR Ready étant plus puissants qu’un PS4, la qualité graphique est tout de même supérieure à celle du jeu PSVR. Toutefois, elle reste inférieure à celle des dernières versions non VR comme la Enhanced Edition sur PS4.
Les éléments affichés sur une grande distance sont un peu flous, et certains objets apparaissent soudainement dans le décor. De même, les textures telles que les rochers ou les bâtiments paraissent un peu plates. On déplore également des bugs visuels, comme dans la scène d’introduction lorsque les personnages semblent flotter dans les airs pour descendre de la charrue.
Du reste, la direction artistique du jeu est toujours superbe. C’est un vrai plaisir d’arpenter ce monde imaginaire de l’intérieur grâce à la VR, d’entendre un oiseau chanter pour la première fois tandis qu’on longe la rivière après la scène d’introduction, de contempler l’horizon du haut d’une montagne ou de redécouvrir les plus beaux endroits du jeu.
Skyrim VR procure un vrai sentiment d’évasion, une sensation d’exode poétique loin du tumulte du quotidien. Si vous êtes en mesure de passer outre l’aspect technique dépassé du jeu, vous pourrez donc apprécier toute la beauté et la poésie de ce monde virtuel.
Immersion de Skyrim VR : échappez-vous du monde réel
Skyrim VR sur PSVR était déjà bluffant par la sensation d’immersion dans le royaume de Bordeciel qu’il proposait. Sur Steam VR, le tracking à 360 degrés amplifie encore cette sensation en laissant davantage de liberté de mouvement. Après quelques minutes, vous serez réellement plongé dans ce monde imaginaire. La preuve : après avoir tué un innocent lapin qui passait près de moi, j’ai ressenti de la culpabilité.
Contrairement au jeu d’origine sur consoles et PC, Skyrim VR ne propose pas de suivre les aventures d’un personnage, mais bel et bien de l’incarner. D’ailleurs, la vue à la troisième personne n’est pas proposée. Certains regretteront de ne pas pouvoir contempler leur personnage et son équipement de plus en plus impressionnant, mais c’est un moindre mal.
Ce sentiment d’immersion est toutefois atténué par plusieurs éléments. Comme évoqué plus haut, les graphismes vieillissants ne parviennent pas à tromper l’esprit totalement. Les différents bugs d’affichage sont également problématiques.
En outre, au lieu d’afficher les mains du personnage, le jeu affiche à l’écran les contrôleurs et rappelle donc en permanence que nous sommes dans un jeu vidéo. Enfin, l’interface et les menus sont presque inchangés par rapport à la version d’origine. Or, il va sans dire qu’un menu qui surgit à l’écran et interrompt l’action ne favorise pas vraiment l’immersion.
Confort de Skyrim VR : une expérience plombée par une interface pénible
En termes de confort visuel, Skyrim VR est plutôt irréprochable. Même en utilisant le mode de déplacement direct (au joystick), nous n’avons pas ressenti de sensation de nausée. Ceci est dû au filtre de champ de vision ajustable qui s’active pendant la course ou les rotations.
En revanche, en plus d’atténuer la sensation d’immersion, l’interface inchangée par rapport à la version PC / consoles est trop pénible pour la VR. Naviguer dans les menus n’est pas du tout intuitif, et freine le rythme de l’action de façon désagréable. Bien entendu, le problème s’efface à mesure que l’on prend le jeu en main, mais on regrette tout de même que Bethesda n’ait pas imaginé une nouvelle interface pour la réalité virtuelle.
Skyrim VR : conclusion du test
Nous aimerions pouvoir écrire que Skyrim VR sur PC est la claque tant attendue, le rêve d’enfant qui se réalise, la « killer app » de la VR. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que le jeu rencontrera un franc succès auprès des utilisateurs de casques VR, et que les fans de Skyrim et de jeux de rôle seront enchantés par l’expérience.
Ce jeu est excellent à bien des égards, corrige la plupart des défauts de la version PSVR, et s’inscrit directement parmi les meilleurs jeux Steam VR disponibles à l’heure actuelle. C’est d’ailleurs peut-être le meilleur jeu VR paru jusqu’à présent. Un contenu titanesque, une liberté totale, un gameplay jouissif et une direction artistique somptueuse sont ses principales qualités.
Malheureusement, Skyrim VR n’est pas parfait. Prétendre le contraire serait manquer d’esprit critique et se voiler la face. Les graphismes obsolètes, l’interface pénible, les bugs et le manque de réalisme du combat en mêlée sont à mes yeux les principaux défauts du titre.
Par ailleurs, après avoir testé la version PSVR en novembre 2017 et maintenant cette version PC, je dois avouer que je frise l’overdose de Bordeciel. Skyrim restera l’un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps, mais nous voulons du nouveau contenu et surtout du contenu créé spécialement pour la réalité virtuelle !
Mon appréciation, je dois l’admettre, est aussi biaisée par un autre facteur. Comme beaucoup de passionnés de réalité virtuelle, j’ai encore le film Ready Player One en tête en ce début de printemps 2018. Face à ce que vivent les personnages du film dans l’Oasis, l’expérience proposée par Skyrim VR me laisse sur ma faim et me laisse penser que la réalité virtuelle n’est tout simple pas encore assez avancée.
Les ambitions de Bethesda se heurtent inexorablement aux limites techniques des casques VR actuels. Peu importe la qualité des jeux vidéo, il faudra probablement attendre des innovations telles que les gants ou les combinaisons haptiques pour pouvoir réellement s’immerger dans un monde imaginaire au point d’en oublier la frontière avec le réel.
Par chance, lorsque ces technologies seront accessibles au grand public, nul doute qu’une énième version de Skyrim sera créée. Alors, rendez-vous, je l’espère, d’ici 2030 pour une mise à jour émerveillée du test de Skyrim VR !
Points positifs
- Les défauts de la version PSVR sont corrigés
- Une direction artistique toujours aussi envoûtante
- Une immense épopée à vivre ou à revivre
Points négatifs
- La lassitude de Skyrim
- Des graphismes décevants
- Une interface pénible
- De nombreux bugs
Scénario - 9
Gameplay - 9
Durée de vie - 10
Graphismes et bande-son - 8.5
Immersion - 10
Confort - 8
9.1
Scénario : Plus qu'un scénario, un immense monde imaginaire et merveilleux.
Jouabilité : Un gameplay largement amélioré par rapport à la version PSVR.
Durée de vie : Une épopée colossale regroupant les trois extensions, avec en plus la prise en charge non officielle des mods.
Graphismes et bande-son : : Des graphismes décevants sur le plan technique.
Immersion : Très immersif malgré plusieurs faiblesses.
Confort : Un jeu confortable, à l'exception de la navigation dans les menus.
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