La startup Neurable, fondée par deux étudiants de l’Université du Michigan, a réalisé une levée de seed de 2 millions pour développer sa technologie de contrôle d’objets et de logiciels par la pensée.
Qui n’a jamais rêvé d’avoir les pouvoirs de Magneto de X-Men ? Question rhétorique. La capacité de télékinésie fait depuis longtemps rêvé l’être humain. La jeune pousse Neurable promet d’offrir à quiconque la capacité de faire bouger des objets ou de contrôler son environnement VR par la simple pensée.
L’histoire commence à l’Université du Michigan, aux USA, en février 2014. Ramses Alcaide, doctorant en Neuroscience et Michael Thompson en MBA Finance, arrivant au terme de leur cursus décident de fonder une startup. Ils déposent alors un brevet pour une technologie d’interface cerveau-machine. En 2015, Neurable effectue une première démonstration au SXSW et participe au Michigan Business Challenge et à la Startup Competition de l’Université du Michigan où elle sera finaliste. En avril 2016, afin de tester leur concept, les deux entrepreneurs participent à la Rice Business Plan Competition, le plus grand concours mondial de business plan pour jeunes diplômés.
Et le succès est au rendez-vous : les deux cofondateurs de Neurable ont battu plus de 400 concurrents et remporté 50 000 dollars en arrivant sur la deuxième marche du podium. La jeune pousse a également reçu le prix OWL Investment d’un montant de 280 000 euros. Qu’est-ce qui mérite tant d’engouement êtes-vous en droit de vous demander ? Neurable est à l’origine de la première interface cerveau-machine qui permet de contrôler objet et logiciel en temps réel.
Deux étudiants, une idée et deux millions
Aujourd’hui Neurable dispose d’un prototype fonctionnel qui intègre une technologie propriétaire brevetée développée au sein du Michigan’s Direct Brain Interface Lab. Grâce à cette technologie, la jeune pousse a réussi d’impressionnantes démonstrations lors du CES 2016 : des utilisateurs ont pu contrôler, par la pensée, des fauteuils roulants, des robots et même une voiture en temps réel.
La startup Neurable a annoncé, via TechCrunch, une levée de seed de 2 millions de dollars menée par Brian Shin, de BOSS Syndicate, une alliance de business angels bostonois dédiée à l’investissement local. Les fonds PJC, Loup Ventures et NXT Ventures ont également participé à ce tour de table.
“Notre vision est de faire de notre technologie un standard en matière d’interaction humaine avec tout type de logiciel ou d’appareil, afin que les gens puissent pénétrer leurs maisons ou leurs bureaux et prendre le contrôle de leurs appareils en utilisant une combinaison de leurs systèmes de réalité augmentée et leur activité cérébrale.” confie Ramses Alcaide, CEO de Neurable, à Techcrunch.
La jeune pousse bostonoise n’a pas pour projet de construire son propre matériel préférant se concentrer sur sa technologie logicielle. La startup utilise donc des appareils électroencéphalographiques qui, équipés de nombreux capteurs, peuvent détecter et retranscrire l’activité cérabrale. Le logiciel intervient alors pour interpréter ses signaux et les traduire. Ce système d’interface cerveau-machine existe déjà. Plexon, Neuralynx, Rippl, BlackRock Microsystems, TDT ou encore BrainGate II… Autant d’entreprises spécialisées dans le BCI (brain-computer interface) qui proposent des solutions. Mais elles présentent pour la plupart une latence de plusieurs secondes, voire plusieurs dizaines de secondes.
C’est là que Neurable se différencie de ces concurrents de la neurotech : la startup assure que sa méthode de machine learning, qui est au coeur de son innovation, permet de supprimer le délai de traitement afin que la volonté de l’utilisateur puisse être réalisée en temps réel.
“Nous souhaitons en priorité nous concentrer sur le développement de notre kit de développement logiciel. A terme, nous voulons devenir le logiciel qui alimentera tous les appareils et tous les logiciels qui permettent l’interprétation de l’activité cérabrale.” déclare Alcaide lors de son interview pour Techcrunch.
Et si on pouvait contrôler la VR par la pensée ?
La technologie brevetée par Neurable, au lieu de mesurer ces réactions, est alimentée par ce que son CEO appelle une “configuration cérébrale” (“a brain shape”) : il s’agit d’un schéma d’activité cérébrale que l’on associe à un potentiel évènement . En mesurant cette configuration, Neurable peut déterminer si un stimulus ou tout autre évènement est important pour l’utilisateur. Cette notion d’imagerie cérébrale, vulgairement une observation de causes et d’effets, est en fait une méthode connue et utilisée depuis au moins une quarantaine d’années.
L’équipe de Neurable en est sûre, d’ici quelques années , tous les casques de réalité virtuelle intègreront de manière standardisée des capteurs électroencéphalographiques. Et pour cause, l’entreprise est déjà en pourparlers avec de grands constructeurs AR et VR mais aucun nom n’a cependant été dévoilé pour l’instant. Dès lors, les possibilités en matière de VR sont nombreuses, pour ne pas dire illimitées. Le contrôle par la pensée, l’avenir de l’interaction homme-machine ? Peut-être bien grâce à Neurable. « Be careful what you wish for, cause you just might get it » diraient les anglophones…
- Partager l'article :