Du 9 au 13 juin se tenait au Forum des images aux Halles le festival NewImages. Ces cinq jours d’exposition ont été l’occasion de découvrir une sélection d’œuvres en réalité virtuelle et réalité augmentée venues du monde entier. Depuis 2016, cet espace dédié à la culture en plein cœur de Paris accueille les artistes de la scène montante des arts immersifs. C’est aussi le théâtre d’une compétition qui distingue la création sur ces nouveaux supports.
Les nouveaux supports que sont la réalité virtuelle et la réalité augmentée offrent un potentiel quasiment illimité à la création. C’est surtout un moyen d’intégrer l’amateur d’art à l’œuvre et d’un faire une pièce participante, plutôt qu’un simple spectateur. Une expérience qui se développe rapidement et qui permet de proposer une immersion dans des univers créatifs variés.
Le Forum des images a été parmi les premiers à reconnaître cette capacité d’ouverture à 360° des arts immersifs. Cela s’est fait dans la continuité de leurs programmes et de leur envie de faire découvrir une culture différente. La scène indépendante, asiatique, mais aussi les séries puis le Paris Virtual Film Festival, ce centre culturel s’est donné pour mission d’être une plateforme pour l’art d’ailleurs et de demain.
La XR Competition
Le festival NewImages proposait pour sa quatrième édition de nombreuses œuvres en réalité virtuelle et réalité augmentée. Parmi celles-ci, 17 étaient en compétition. Le vendredi 11 juin, le jury, composé de personnalités de l’univers cinématographique international, à savoir Claude Barras, Bertrand Mandico, Yael Naim et Selly Raby Kane, a décerné six prix. Le palmarès est composé d’une part de trois prix pour la XR Competition, un prix pour le XR Financing Market, le prix de la Taïwan XR Residency et un prix pour la bourse export unifrance.
La bourse export unifrance, d’un montant de 1000 euros est attribuée à la meilleure œuvre française et permet à ses créateurs de bénéficier d’un soutien dans la promotion de la création à l’international. Ce prix a été attribué à Biolum qui nous plonge dans les profondeurs marines. Le prix de la Taïwan XR Residency offre une session de 6 à 8 semaines à Kaohsiung dans le sud de l’île. C’est l’occasion pour l’artiste de travailler sur un projet XR innovant avec un soutien financier de l’ordre de 10 000 euros. Mathieu Pradat et son projet Encounters ont été récompensés.
Le XR Financing Market est un marché de financement et de co-production dédié aux œuvres originales immersives. Il a pour ambition d’être le cocon de la future production XR, le lieu où elle pourra être découverte et financée. Cette année, le jury a récompensé l’expérience Lumières ! qui raconte l’évolution de la lumière à travers les âges. Ce projet a été sélectionné parmi 41 en compétition.
Une sélection d’une grande qualité
Du côté de la XR Competition, ce ne sont pas trois, mais quatre œuvres qui ont été récompensées. En effet, le jury a choisi deux ex-aequo pour le prix spécial des œuvres en réalité virtuelle. Il s’agit de Strands of Mind, un voyage mystique où l’infiniment grand et l’infiniment petit se mêlent. Et de Reeducated, documentaire en animation sur les camps de rééducation en Chine. Les artistes repartent chacun avec 3000 euros. Le prix spécial pour une œuvre en réalité augmentée a été attribué à Acqua Alta qui permet à un livre animé de devenir le décor de la vie d’un homme et d’une femme marquée par le thème de l’eau. Ce prix est également doté de 3000 euros.
Le grand prix, intitulé Masque d’Or, récompensant la meilleure œuvre de réalité virtuelle a été attribué à We are at Home. Inspirée du poème de Carl Sandburg The Hangman at Home, cette expérience multi-utilisateur place l’utilisateur au centre sans pour autant exiger sa participation active. C’est aussi la réussite d’un mélange d’univers, d’arts et de supports qui prouve que la VR possède un grand potentiel et que seule une petite partie en a été exploitée. Le vainqueur de ce prix remporte également la somme de 6000 euros.
Les membres du jury ont tenu à préciser que de nombreuses œuvres avaient retenu leur attention. Seulement à la fin, il avait fallu faire un choix difficile. Ils en ont profité pour citer celles qui les ont marquées comme Amends ou encore Marco & Polo Go Round. En effet, toutes ces expériences ont démontré que l’art immersif a un bel avenir devant lui. Il est très probable qu’il ait rejoint dans peu de temps les autres formes d’art plus traditionnelles.
Une place spéciale pour l’art africain
Cette année, l’Afrique avait une place d’honneur lors du festival NewImages. La saison Africa2020 a mis en avant des artistes qui racontent leur pays, leurs histoires, leurs croyances et font redécouvrir les talents cachés d’un continent en plein essor. Parmi les œuvres exposées, le projet Re/Member Your Descendants par les artistes sud-africains Xabiso Vili et Sonwabo Valashaiya saute aux yeux. Il mêle illustration 2D, animation en réalité augmentée, musique et poésie clamée. Le tout sur le thème de l’attachement des jeunes avec leurs racines ancestrales.
Certaines œuvres participaient également à la compétition. C’est le cas de Noah’s Raft ou encore Kinshasa Now. Le premier est un documentaire en prise de vues réelles qui se déroule à Makoko au Nigéria. Noah, fils de pêcheur, souhaite développer une école dans ce bidonville sur pilotis où il a grandi pour apporter une bonne éducation aux jeunes. Le second est aussi un film à 360°, mais cette fois-ci le spectateur peut influencer sur l’histoire. Ou plutôt, il peut découvrir les 40 scénarios différents qui suivent la vie du jeune Mika, chassé de chez lui à 14 ans.
Si le festival NewImages n’a pas encore tout à fait la réputation de certains de ses compères comme celui de l’animation d’Annecy, il en a pourtant la même qualité. Les arts immersifs sont encore dans leur phase de développement, celle des balbutiements étant tout de même passée. Cependant, les possibilités qu’offrent les réalités virtuelle et augmentée sont quasi infinies. Le potentiel est tel qu’il peut même paraître effrayant. Certains artistes présents lors du festival bouillonnent d’idées et de projets. Le plus difficile est alors de ne pas se disperser. Il s’agit d’avoir une vision claire de ce que l’on veut faire. Dans ce cadre, nous ne pouvons qu’attendre avec impatience la prochaine édition du festival.
Voici l’enregistrement du mapping vidéo projeté sur la façade de l’église Saint-Eustache aux Halles. C’est une création originale initiée par le NewImages Festival.
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