Le scandale Facebook / Cambridge Analytica fait rage depuis une semaine. Des dizaines de millions d’utilisateurs du réseau social ont été floués, manipulés et influencés après que leurs données aient été collectées à des fins politiques. Mais qu’en est-il d’Oculus ? Faut-il se méfier des fuites et vols de données générées par les utilisateurs de VR ? La réalité virtuelle peut-elle être utilisée pour manipuler les masses ?
Depuis le vendredi 16 mars 2018, Facebook est au coeur d’un scandale sans précédent suite aux révélations d’un ancien employé de Cambridge Analytica. En 2016, cette entreprise spécialisée dans l’analyse de données a collecté les données personnelles de 50 millions d’utilisateurs par le biais d’un test de personnalité comme il en existe des milliers sur le réseau social. Par la suite, ces informations ont été utilisées de manière illégale pour élaborer et envoyer des messages personnalisés aux usagers afin de bouleverser leurs convictions politiques… et faire élire Donald Trump.
Face à cette sombre affaire, de nombreux utilisateurs de Facebook commencent à comprendre le pouvoir de manipulation et d’influence que représentent les réseaux sociaux. Le flux d’actualité des utilisateurs, si savamment affiné par des algorithmes, est en réalité un moyen d’altérer leurs opinions et leur vision du monde.
Scandale Facebook : les données VR encore plus personnelles que celles des réseaux sociaux ?
Dans ce contexte, sachant qu’Oculus appartient à Facebook, il convient de s’interroger sur les dangers que peuvent représenter les casques de réalité virtuelle pour leurs utilisateurs. Certes, les casques VR comme l’Oculus Rift sont des appareils formidables. Ils peuvent notamment permettre de faire avancer la médecine et la recherche scientifique, de voyager dans le temps ou tout simplement de se divertir comme jamais auparavant.
Cependant, une fuite de données comme celle survenue sur Facebook pourrait avoir des conséquences encore plus fâcheuses si elle concernait les utilisateurs du Rift (ou de tout autre casque VR). Les capteurs infrarouges, qui servent en premier lieu à suivre les mouvements et la position de l’utilisateur, pourraient aussi être utilisés pour espionner son environnement. Ce constat est encore plus inquiétant pour les casques de nouvelle génération équipés de caméras, comme les appareils Windows Mixed Reality.
De même, il est probable que le comportement des utilisateurs dans la réalité virtuelle, leurs moindres faits et gestes et réactions aux événements qui surviennent dans la VR soient collectés sous forme de données et minutieusement analysés, passés au crible par Facebook. Ces données somme toute intimes pourraient ensuite être vendues à des entreprises ou des organisations politiques, ou même dérobées de la même façon que Cambridge Analytica s’est emparé des données du réseau social.
Scandale Facebook : la réalité virtuelle servir d’outil de propagande ?
Par-delà le risque d’une fuite de données (très) personnelles, il est difficile de déterminer à quel point la VR peut être utilisée comme un outil de propagande ou de manipulation des foules. Si les « fake news » peuvent être utilisé pour altérer les convictions politiques d’une personne, qu’en est-il d’un monde virtuel réaliste, bâti de toutes pièces par un développeur ?
Dans un monde où tout ce que vous voyez, entendez, voire même touchez et sentez est créé par une autre personne, il semble plutôt aisé de faire passer des messages politiques de façon subliminale. Le potentiel de la réalité virtuelle pour altérer la conscience d’un utilisateur est une thématique abordée depuis bien longtemps par des oeuvres culturelles comme Metal Gear, mais à l’heure où la VR fait partie du monde réel, ces considérations prennent une tout autre importance.
Il semble donc nécesssaire d’élaborer des règles éthiques pour le développement d’expériences en réalité virtuelle. Interdire la manipulation, limite la collecte de données sont des mesures indispensables pour éviter que la VR ne devienne une arme de propagande entre de mauvaises mains. Hélas, comme l’a prouvé le scandale Facebook / Cambridge Analytica, il est bien souvent trop facile de contourner les règles…
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