Le 10 septembre, PTC, l’éditeur propriétaire de Vuforia, présentait quelques cas d’usage de la réalité augmentée. Les entreprises présentes ont détaillé leur utilisation de l’AR auprès des professionnels et du grand public.
“La réalité augmentée est une technologie grand public que nous nous évertuons à adapter au monde industriel”, a rappelé Olivier Helterlin, PDG de PTC France. L’éditeur de l’outil de création d’applications AR Vuforia organisait au Parc des princes un événement pour séduire les groupes et prendre la température auprès des responsables. Afin de prouver les bénéfices de cette technologie, la société basée à Boston a fait intervenir trois entreprises et une agglomération.
Bertrandt prépare l’installation des lignes d’assemblage automatisées en réalité augmentée
Deux d’entre elles venaient du monde du BtoB. Bertrandt est un spécialiste de l’ingénierie automobile depuis 45 ans. Il emploie 13 000 personnes au sein de 55 sites à l’international. Ce groupe allemand s’occupe de la conception d’outils dédiés à la fabrication de véhicules. Avec la réalité augmentée, il propose des solutions pour visualiser les lignes d’assemblage automatisées avant leur installation dans l’usine. La précision des modèles 3D permet de les placer là où elles seront à l’avenir grâce à une tablette, un smartphone ou un casque HoloLens. De plus, les ingénieurs effectuent des simulations avancées en vue de définir la cadence des outillages.
Avec les applications développées à partir de Vuforia, les spécialistes vérifient si les éléments 3D correspondent au réel et inversement. Ils n’ont plus forcément besoin de se déplacer, ce qui entraîne des diminutions de coûts. De même, l’on peut rapidement modifier une configuration depuis un site et fluidifier l’étape de décision.
Cela réduit de 20 % le temps entre chaque itération d’un projet, une performance saluée par les clients. Après ce premier succès, Bertrandt compte généraliser l’usage de la réalité augmentée dans le développement de solutions de maintenance, de formation, ou encore de contrôle.
Volvo Trucks veut diminuer les erreurs d’assemblage des moteurs de camions
C’est justement pour améliorer le contrôle qualité que Volvo Trucks a fait appel à PTC. Le fabricant de camions doit gérer 4500 variantes de moteurs et pas moins de 10 puissances 80 versions de ces véhicules. Seulement 1,2 modèle sortant d’usine est identique à un autre. Ajoutons que le remplissage du carnet de commandes oscille énormément. Cela provoque des erreurs humaines qui ralentissent la production. Pour éviter ce phénomène, le fabricant équipe ses opérateurs du site de Vénissieux de smartphones dotés d’une application AR.
Celle-ci permet d’identifier aisément les pièces et le moteur associés à un camion en particulier en le visant à l’aide du capteur photo. Ainsi, le technicien peut poursuivre les opérations sans risquer de se tromper. Par ailleurs, la documentation relative s’avère plus facile d’accès. Cette solution sera généralisée dans toutes les usines Volvo entre 2019 et 2020.
Si PTC considère que la réalité augmentée a un grand avenir dans le monde industriel, la société dirigée par Jim Heppelmann ne jette en aucun cas la pierre aux solutions développées pour le grand public.
Pau célèbre le tour de France en AR grâce à PTC
L’agglomération de Pau a notamment présenté son partenariat avec l’entreprise américaine. Elle a créé une exposition consacrée aux 109 victoires du Tour de France. Ce sont 109 totems qui retracent l’histoire de la célèbre compétition. Chacun d’entre eux est équipé d’un marqueur, qui, une fois ciblé avec un smartphone ou une tablette, fait apparaître des informations supplémentaires et la vidéo d’archive correspondante. Les visiteurs peuvent ainsi contextualiser les illustrations lors de cette exposition à ciel ouvert et revivre les grandes étapes.
De même, les responsables du pôle numérique de la ville utilisent la réalité virtuelle afin de donner un aperçu des changements qui interviendront dans le quartier Saragosse après le plan de rénovation engagé avec l’État. Enfin, ils imaginent confier une solution AR pour aider les agents municipaux à gérer les espaces forestiers.
Cette vision grand public de la réalité augmentée, le célèbre fabricant de jouets Lego l’a rapidement embrassée. Il a commencé par la digital box en magasin. En passant une boîte devant une caméra, l’on peut voir son contenu monté et animé.
De plus, Vuforia est devenu un outil de création pour les designers. Fraser Lovatt, producteur pour la marque danoise, explique que ces équipes utilisent cette technologie pour modéliser plus facilement des personnages ou des animaux, comme des poissons.
Lego mise sur la réalité augmentée pour diversifier les expériences de enfants
Surtout, cela augmente les possibilités de storytelling. Les gammes Nexo Knights et Hidden Side en sont la preuve. Pour les chevaliers futuristes, une application mobile leur confère de nouveaux pouvoirs. À cet effet, Lego a crée de nombreux boucliers à collectionner. Dans la face avant de ces items se cache un layout développé par PTC. Celui-ci indique quels pixels présents sur l’image vont déclencher les fonctionnalités de réalité augmentée. Depuis l’application, chaque composant est matérialisé par une animation.
Lego a été plus loin avec la série Hidden Side. Cette fois-ci, plusieurs éléments de chaque montage disposent d’une action spécifique associée à un jeu mobile. Les enfants construisent et explorent une ville fantôme dans laquelle les esprits frappeurs peuvent apparaître à tout moment sur l’écran de leur smartphone. Il leur suffit de pointer le téléphone vers les points d’intérêts.
Le fabricant danois a dû adapter ses manuels pour rappeler les bonnes conditions d’utilisation de la réalité augmentée. Le principal problème réside dans le besoin constant de lumière. En ce sens, il a mené des tests dans 1000 foyers dans plusieurs pays. Durant cette phase, 768 scans ont été effectués dont 762 effectifs. Le taux de réussite atteint 99,2 %. Mais avant cela, les utilisateurs signalaient des problèmes suivant les types de sols sur lesquels les enfants jouaient. Les équipes ont donc appliqué des ajustements pour 24 surfaces différentes pour chacun des huit modèles.
Ces quelques cas d’usage prouvent que la réalité augmentée répond à de nombreux besoins. Selon une étude menée par IDC, 77 % des entreprises ont testé la technologie et le cabinet prévoit qu’elles dépenseront 19 milliards de dollars en 2019 pour s’équiper. Elles attendent notamment une hausse de 40 % de la productivité. Pas de doute, l’AR touche du doigt un niveau de maturité qui fera d’elle un atout indispensable des entreprises dans quelques années.
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