Aujourd’hui la réalité virtuelle a envahi de nombreux domaines, l’industrie, la publicité, le jeu vidéo et maintenant le monde de l’audiovisuel, bien sûr, faire et voir un film en réalité virtuelle est profondément différent que la réalisation d’un film classique. Une différence si grande que loin du tâtonnement actuel du monde audiovisuel en réalité virtuelle, le futur de ce domaine créera des créateurs et des professionnels ayant des instincts, une formation et des techniques bien différents du monde audiovisuel classique.
Combien de métier de l’audiovisuel vont changer du tout au tout en passant à la VR ? Voir même tout simplement disparaître ? Premièrement, les notions de réalisateur et de monteur ne peuvent plus être considérées pareilles.
Le réalisateur par exemple n’aura plus autant de marge de manœuvre pour raconter son histoire à travers une réalisation dense et stylisée, avec la mise en place de nombreux plans mettant en valeur les acteurs ou le décors, il ne pourra plus que poser sa caméra à tel ou tel endroit et laisser les choses filées, sans modifier lui même l’angle de vue.
Alors, il lui reste bien sûr un travail, diriger les acteurs et le dynamisme des décors, pour avoir une véritable mainmise sur son histoire, il devra non plus mettre en valeur les acteurs et le décors avec sa caméra, mais mettre en valeur sa caméra avec les acteurs et les décors.
En cela, le travail d’un réalisateur sur un film en VR va s’éloigner du travail d’un réalisateur de film classique et étonnamment et ironiquement s’approcher du metteur en scène au théâtre. Comme si la boucle était bouclée, l’avancée technologique qui éloignait le public du théâtre pour le plonger dans le cinéma par exemple, va le replonger dans un style proche du théâtre.
Ainsi, les acteurs ou autres, comme les points d’intérêt mis en place par le réalisateur, devront se sortir du carcan du plan et de sa sécurité, pour aller dompter l’espace physique mais aussi et bien sûr l’œil du spectateur.
C’est là un autre point crucial, savoir gérer les points d’intérêt, faire en sorte que le public arrive à suivre l’histoire et vivre des choses en l’amenant à voir ce qu’il faut voir. Car rappelons que la base de la réalité virtuelle est de laisser le choix au spectateur de son angle de vue, partant de ce constat, si le designer de l’expérience veut attraper l’œil de l’utilisateur, il doit faire en sorte de porter la position du regard du spectateur.
En somme, il faut que l’expérience VR raconte son histoire en faisant en sorte que l’utilisateur ne manque rien pour la comprendre, bien sûr, pour attirer le regard de quelqu’un, il faut de l’élégance, il faut que ce travail pour prendre l’œil de l’utilisateur soit invisible pour ce dernier.
Cette liberté fait d’ailleurs peur à certain réalisateur, même les plus grands, comme Steven Spielberg :
«Je crois que nous nous dirigeons vers un médium dangereux avec la réalité virtuelle» explique le célèbre réalisateur Steven Spielberg, en marge de la présentation de son film Le Bon Gros Géant «La raison pour laquelle je trouve cela dangereux, c’est que cette technologie offre la latitude aux spectateurs de regarder où ils veulent et non dans la direction souhaitée par les cinéastes»
Mais on ne peut certainement pas oublier la liberté qu’apporte la réalité virtuelle, en somme il faut aussi laisser une autre couche d’histoires se passer en dehors de l’intérêt principal et donc aussi laisser le temps à la contemplation libre. Pour ce faire, rien de mieux que des pauses dans le rythme de l’expérience en réalité virtuelle et rien de mieux qu’une flopée de détails qui nourrissent l’histoire et le monde que vous voulez raconter.
De plus, l’utilisation du son devient bien plus importante que dans n’importe qu’elle autre production audiovisuelle, en effet quel que soit l’angle de vue du casque, l’utilisateur peut entendre tout ce qu’il y a autour de lui et donc ainsi, un son peut attirer l’attention du spectateur et guider son regard.
Ce genre de nouvelles expériences en réalité virtuelle dans le cinéma va clairement exploser dans les années à venir, à tel point qu’un tout nouveau monde de l’audiovisuel va naître, cette réalité qui dépasse les simples petits films promotionnels pour d’autres films comme Wild ou encore Avenger, fait déjà ses premiers pas.
Ainsi, il existe de nombreuses productions audiovisuelles en réalité virtuelle qui dépasse le simple clip promotionnel, certains spécialistes parlent même d’un art nouveau, pouvant se démarquer du cinéma, comme ce dernier la fait du théâtre, d’autres grands hommes du cinéma voient dans l’alliance de la réalité virtuelle et de l’audiovisuel un tout nouveau potentiel, comme le réalisateur Michael Bay, réalisateur de Transformer ou le récent 13 Hours :
« En tant que réalisateur, le projet d’Imax de faire de la réalité virtuelle à un endroit donné représente un nouveau moyen de transporter les audiences plus loin encore dans les mondes que nous créons. Nous sommes en discussions avec Imax à propos de concepts RV assez amusants et j’attends avec impatience de tester leurs nouvelles technologies. » – Michael Bay, réalisateur
Ainsi il est clair que la réalité virtuelle dans l’audiovisuel, cinéma ou encore série, possède un potentiel et va devenir très important. De plus, ce nouveau monde doit avoir ses propres codes, sa propre technique et sa propre façon de créer du contenu car il possède des particularités uniques qui obligent les créateurs à trouver une bible afin de créer au mieux des contenus en réalité virtuelle.
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