Les casques VR du futur pourront peut-être générer des odeurs artificielles grâce à des stimulations électriques. Des chercheurs malaisiens expérimentent une technologie consistant à stimuler les cellules olfactives du nez grâce à des électrodes, et envisagent à l’avenir d’envoyer des stimulations directement dans le cerveau.
La réalité virtuelle consiste à tromper les sens, afin de convaincre le cerveau qu’il s’agit du monde réel. Toutefois, à l’heure actuelle, les casques VR disponibles sur le marché se contentent de stimuler la vue, l’ouïe, et, dans une moindre mesure, le toucher. L’illusion est donc encore loin d’être parfaite.
La stimulation de l’odorat et du goût dans la réalité virtuelle est donc la prochaine étape. Plusieurs entreprises et chercheurs ont déjà commencé à explorer ces pistes. C’est le cas du site pornographique CamSoda avec son masque OhRoma qui simule les odeurs corporelles, de l’accessoire Vaqso destiné aux différents casques VR, ou encore du casque Pimax 8K pour lequel une extension de simulation d’odeurs est en développement.
Cependant, toutes ces solutions reposent sur le même principe. Il s’agit d’insérer des cartouches chimiques dans des accessoires que l’on connecte à un ordinateur ou à un smartphone. Ce sont des commandes qui permettent ensuite d’activer la relaxe de ces substances qui se mélangent ensuite pour produire une odeur.
Le chercheur Kasun Karunanayaka, de l’Imagineering Institute de Malaisie, de son côté, souhaite créer un système permettant de générer des odeurs uniquement grâce à l’électricité. Son idée est de stimuler électriquement les cellules liées à la perception des odeurs afin d’envoyer des informations directement vers le cerveau.
En compagnie de son équipe de chercheurs, Karunanayak a réalisé une expérience à laquelle ont participé 31 volontaires. Chacun d’entre eux a dû s’enfoncer un câble flexible dans le nez. Ce câble était relié à une petite caméra et à des électrodes en argent. La caméra a permis aux chercheurs de naviguer dans le conduit nasal afin de mettre les électrodes en contact avec les cellules de l’épithélium olfactif, situé à environ 7 centimètres de profondeur dans les narines.
Ce sont ces cellules qui transmettent les informations du nerf olfactif au cerveau. D’ordinaire, elles sont stimulées par des composants chimiques qui s’attachent aux récepteurs, mais l’équipe de chercheurs les a activées à l’aide d’un courant électrique. Ils ont expérimenté différentes quantités et fréquences de courant afin de trouver la meilleure façon de produire des sensations d’odorat.
Les casques VR pourront stimuler les cellules olfactives grâce à un petit câble à s’enfonce dans le nez
La plupart des volontaires ont perçu des odeurs de parfum ou des odeurs chimiques, selon leurs propres descriptions. Certains ont aussi perçu des odeurs fruitées, sucrées, de menthe grillée, ou boisées. Il s’agissait d’une première expérience, et la prochaine étape sera de vérifier si certains paramètres de stimulation sont liés de façon stable à certaines odeurs spécifiques. Il pourrait par ailleurs y avoir des différences liées à l’âge, au genre ou à la morphologie.
En tous les cas, le principal défi à relever est de trouver une façon de produire ces arômes artificiels sans avoir à enfoncer un tube dans le nez des utilisateurs. Pour cause, l’expérience était très inconfortable pour la plupart des volontaires et la majorité d’entre eux ont abandonné après seulement un essai.
Les alternatives envisagées seraient un tube plus petit et plus flexible, ou la stimulation directe du cerveau sans passer par les cellules olfactives du nez. L’activité cérébrale des participants sera alors scannée pour comparer leur réaction à des odeurs artificielles avec leur réaction à des odeurs réelles comme celle d’une rose. Si les mêmes régions du cerveau réagissent à ces deux types de stimulations, ce seront ces zones qui seront ciblées par les futures recherches.
Cette technologie pourra servir pour les casques VR du futur, afin de permettre de respirer des odeurs dans le monde virtuel. Elle pourrait aussi servir à soigner les personnes atteintes de troubles de l’odorat. Cependant, le véritable but de Kasun Karunanayaka est de créer un » internet multi-sensoriel « par le biais duquel il serait possible de s’envoyer des stimulations de tous les sens comme on s’envoie aujourd’hui des messages textuels. Auparavant, lors de précédentes expériences, les chercheurs sont également parvenus à envoyer des câlins à distance à des poulets, des goûts électriques, ou encore des baisers numériques.
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