Dans le cadre de notre dossier « Au coeur du metavers », Aymeric du Chéné de LS Group a accepté de partager son point de vue et de faire le point sur les grands enjeux du secteur de la réalité virtuelle.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Aymeric Du Chéné, et je suis Manager des Développeurs chez LS GROUP (anciennement Light And Shadows).
Pouvez-vous décrire brièvement ce qu’est le Métavers et comment il diffère des autres concepts similaires tels que la réalité virtuelle (VR) ou la réalité augmentée (AR) ?
Pour nous le Métavers est avant tout un concept qui permet de parler de « mondes virtuels ». Il s’agit d’un espace virtuel, dans lequel une ou plusieurs personnes peuvent se retrouver au travers par exemple d’un avatar, mais le coeur de cette technologie réside dans les interactions (des avatars entre eux, des avatars avec le monde virtuel, et entre le monde virtuel et le monde réel). Fortnite pourrait être un exemple de Métavers dans la mesure où les joueurs peuvent communiquer entre eux, jouer ensemble, assister à des concerts ou des projections cinématographiques, acheter des « skins » (tenues pour leurs avatars) avec une monnaie virtuelle (qui s’achète dans le monde réelle avec de l’argent « réel »), le tout en 3D sur un écran de console ou de PC. En allant plus loin, des technologies comme la réalité virtuelle permettent une immersion plus intense dans ces mondes virtuels, et au delà du secteur du divertissement, notre entreprise intervient au niveau du concept de Métavers industriel, accompagnant des entreprises telles que Renault, Stellantis ou Alstom dans l’utilisation des technologies immersives pour améliorer leurs process industriels, ou des entreprises comme Airbus Corporate Jet, Dior, et d’autres acteurs du luxe à digitaliser leurs produits, et les présenter dans des showrooms virtuels.
Quels sont les cas d’utilisation les plus courants du Métavers dans différents domaines tels que le divertissement, l’éducation, le commerce électronique, etc.
Les secteurs de la formation et du divertissements sont largement représentés dans les média comme des domaines d’utilisation du Métavers, mais comme mentionné plus haut, les secteurs industriels (Automobile, Aviation, Aérospatial, production industrielle, logistique) tirent leur épingle du Métavers en générant de forts ROI (retours sur investissements) en s’appropriant le concept. Le secteur du retail et du e-commerce commence à adopter le Métavers.
Comment le Métavers peut-il remodeler les interactions sociales et la collaboration en ligne ?
Quelles sont les opportunités offertes par le métavers pour la communication et l’interaction humaine ?
Il ne faut pas tomber dans « la technologie pour la technologie » et bien s’assurer de la valeur ajoutée de cette dernière avant de la mettre en place, par exemple, en fournissant l’opportunité de collaborer à distance et en temps réel sur de la revue de conception industrielle, l’intérêt peut-être fort. Si il ne s’agit que de remplacer une réunion teams ou zoom par un espace virtuel, on tombe dans le gadget. Le Métavers offre des opportunités de révolutionner la communication et l’interaction humaine quand il est réfléchi : permettre par exemple de remonter virtuellement dans le temps autour d’une construction de chantier, ou d’opérer un robot à distance pour effectuer une tâche complexe ou dangereuse (opération chirurgicale, ou démantèlement nucléaire) sont des apports innovants qui peuvent se faire dans le Métavers.
Quels sont les défis actuels auxquels est confronté le développement du Métavers, que ce soit sur le plan technologique, réglementaire ou éthique ?
Selon moi, un grand défi du Métavers est « Comment déployer la technologie de manière responsable écologiquement », car pour « faire tourner un monde en VR » on fait appel à beaucoup d’échange de données lourdes, à héberger sur des serveurs, on utilise des casques qui sont construits avec des métaux rares. Il y a énormément de paramètres à prendre en compte. D’un point de vue règlementaire, des arbitrages seront à faire, le Métavers est il un endroit public ? A qui appartient il ? Y a t’il une notion de « territoire » ou de nationalité ? Tout autant de questions auxquelles les législateurs devront apporter des réponses pour un fonctionnement serein et pérenne.
Comment les entreprises peuvent-elles exploiter le metaverse pour offrir des expériences uniques et créer de la valeur pour leurs clients ? Quelles sont les stratégies à adopter pour tirer parti du potentiel commercial du metaverse ?
Afin d’offrir une expérience uniques et créer de la valeur pour leurs utilisateurs, nous conseillons, chez LS GROUP d’accompagner nos clients dans leur réflexion : tout d’abord sur la technologie à employer (quelles sont les plateformes à utiliser ? une application 3D sur un PC ? un monde en VR ? ), et surtout comme toute stratégie, d’élaborer un plan fondé sur des retours clients (quelles sont leurs attentes ? souhaitent ils découvrir un produit ? interagir avec lui ? interagir avec un vendeur ? avoir une expérience individuelle époustouflante ou une expérience partagée avec une dimension sociale ?). Pour tirer parti du potentiel commercial du Métavers, il faut l’intégrer comme un canal marketing ou de communication supplémentaire dans la stratégie d’ensemble de l’entreprise. Il faut que cela corresponde à la vision et aux valeurs que l’entreprise souhaite partager avec ses clients.
On a parfois l’impression que le métavers n’a pas su convaincre le grand public. Y a t-il tout de même un avenir pour cette technologie ? Lequel ?
Il est vrai que le Métavers a du mal à convaincre le grand public car l’opinion est changeante, à chaque nouvelle innovation, des pseudos experts spéculent sur son utilisation et son succès, et surtout n’hésitent pas à critiquer sans réfléchir et à passer à autre chose (the next best thing) l’IA par exemple, quand il faut voir les innovations dans leur ensemble. LS GROUP travaille avec les technologies immersives depuis plus de 15 ans maintenant et nos clients commencent à maîtriser les concepts qui gravitent autour, et à construire des stratégies avec ces outils. Nous voyons donc clairement un avenir pour cette technologie, à la fois pour le B2B et pour le grand public, cela passera sans doute par des applications individuelles dans un premier temps (comme la philosophie d’Apple avec son casque Apple Vision Pro, vu comme un ordinateur personnel spatial), et les technologies immersives seront intégrées au quotidien progressivement (comme on pu l’être les QR codes).
Quels conseils donneriez-vous aux entreprises ou aux individus qui souhaitent s’impliquer dans le métavers ou tirer parti de ses possibilités ?
Le conseil principal que je donnerai est de s’adresser à des entreprises expertes dans le domaine, et qui travaillent depuis longtemps sur les interactions en 360°. La France possède un vivier d’entreprises et de talents autour des technologies immersives.
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