Dans le cadre de notre dossier spécial « Au cœur du métavers », nous avons eu l’honneur d’interviewer Bastien Georges, expert du 3dverse, qui nous livre son analyse éclairée sur les défis actuels et les perspectives d’avenir dans le secteur en pleine évolution de la réalité virtuelle.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis un développeur qui a choisi de se spécialiser dans la MR et j’ai fondé Sharp Motion avec mon acolyte Arthur Aberth, une structure dédiée à ce type d’applications. Je suis donc à la fois entrepreneur et développeur.
Pouvez-vous décrire brièvement ce qu’est le Métavers et comment il diffère des autres concepts similaires tels que la réalité virtuelle (VR) ou la réalité augmentée (AR) ?
Pour moi le Métavers est un tout dont les limites restent à définir. C’est un espace virtuel partagé. Contrairement à la VR, qui immerge les utilisateurs dans des mondes virtuels via des casques, et à l’AR, qui superpose des éléments virtuels à la réalité, le métavers combine ces technologies pour créer un monde numérique interconnecté où les expériences sont plus immersives et sociales, souvent avec des avatars et des économies virtuelles.
Quels sont les cas d’utilisation les plus courants du Métavers dans différents domaines tels que le divertissement, l’éducation, le commerce électronique, etc. ?
Dans le divertissement on pense au jeu vidéo en premier lieu, mais ce sont aussi les concerts virtuels et tout évènement social en ligne. Dans l’éducation, ce sont les simulations interactives, cours immersifs en 3D, les campus virtuels pour apprentissage à distance. Les modules de formations en VR sont particulièrement prisés dans tout les domaines y compris le domaine médical. D’ailleurs, on se sert également de la VR pour des thérapies immersives.
L’immobilier est aussi un secteur en développement dans le Métavers et je pense qu’au fur et à mesure que les gens s’équipent en matériel de VR, nous pourrons de plus en plus souvent visiter des biens dans le Métavers. On trouve des boutiques virtuelles, où l’on peut retrouver et essayer les produits en 3D, assister à des défilés de mode virtuels mais la partie commerce électronique doit encore se développer.
Le Métavers c’est aussi le travail collaboratif, les réunions virtuelles, les bureaux numériques et la collaboration à distance. Et on peut dire que ça c’est une vraie demande en ce moment ! Les gens veulent du télétravail mais les entreprises veulent que les employés gardent du lien.
Comment le Métavers peut-il remodeler les interactions sociales et la collaboration en ligne ?
Quelles sont les opportunités offertes par le métavers pour la communication et l’interaction humaine ?C’est le sentiment de présence qui change tout. Passer par la MR c’est s’assurer de capter l’attention de la personne devant soit. À partir de là ce sont toutes les interactions sociales qui sont renforcées. Et il est possible de personnaliser son expérience à l’envie, élargissant le domaine du possible. Petites ou grosses structure, tout le monde peut s’organiser un espace qui lui servira à la perfection. C’est important pour l’inclusion également.
Quels sont les défis actuels auxquels est confronté le développement du Métavers, que ce soit sur le plan technologique, réglementaire ou éthique ?
Pour moi, cela reste avant tout une question d’adoption de ces technologies. Il est important aussi de renforcer l’interopérabilité entre plateformes et qualité des expériences immersives. Pour ce qui est de la réglementation, de la protection de la vie privée, de la sécurité des utilisateurs, du harcèlement en ligne, et de la gestion des addictions, il faut s’appuyer sur ce qui est déjà existant.
Comment les entreprises peuvent-elles exploiter le metaverse pour offrir des expériences uniques et créer de la valeur pour leurs clients ? Quelles sont les stratégies à adopter pour tirer parti du potentiel commercial du metaverse ?
Comme je l’ai dit plus haut, les magasins virtuels sont une débouchée intéressante. Ce qui est important aussi c’est de proposer des produits et services sur mesure et de créer de l’engagement communautaire. Un utilisateur du Métavers s’attend à plus de lien. Si vous connaissez le commerce en ligne, vous savez à quel point il est précieux de créer ce lien avec l’utilisateur pour pouvoir analyser ses données et connaitre ses besoins. En revanche, si la vente de produits virtuels est monnaie courante, je ne miserais pas sur les NFTs. Il est important pour les entreprises de ne pas confondre innovation et buzzwords. Les NFTs sont souvent cités au côté du Métavers comme exemple de monétisation de produits virtuels mais il s’agit surtout d’actifs d’investissement très hasardeux boosté par une bulle spéculative qui a déjà éclaté.
On a parfois l’impression que le métavers n’a pas su convaincre le grand public. Y a t-il tout de même un avenir pour cette technologie ? Lequel ?
On a souvent la fausse idée qu’il y a un coût à l’entrée. Soit en matière d’argent, soit en matière d’investissement intellectuel. Si on regarde la génération de nos parents ou grand parents, ils n’utilisent pas beaucoup les nouvelles technologies. N’oublions pas que tout cela est nouveau. Je suis sûr que les plus jeunes, qui jouent actuellement à Roblox et Fortnite adopteront très facilement le Métavers. Pour ce qui est du coût, je compte beaucoup sur le Meta Quest 3S, qui est une proposition que personne ne devrait refuser ! Même pas besoin d’ordinateur.
Quels sont les projets et les initiatives majeurs en cours dans le domaine du métavers ? Pouvez-vous donner des exemples de plateformes ou de projets qui se démarquent dans ce domaine ?
Comme je l’ai dis, il y a actuellement des initiatives de plateforme axées sur la monétisation via les NFTs et la blockchain comme Decentraland et The Sandbox. Mais ce qui retiens mon attention c’est Horizon Worlds de Meta qui investit massivement dans ces mondes interconnectés avec une forte orientation sociale et professionnelle. Roblox est également un model de popularité pour une expérience multijoueurs interactif, créatif dans un monde virtuel. Mais mon chouchou c’est VR-Chat. C’est une plateforme extrêmement robuste, utilisable autant en flat screen qu’en VR et qui permet vraiment tout ! Et encore aujourd’hui je trouve que c’est l’application VR qui gère le mieux les avatars et le body control. Un vrai model à suivre !
Quels conseils donneriez-vous aux entreprises ou aux individus qui souhaitent s’impliquer dans le métavers ou tirer parti de ses possibilités ?
Commencer petit : expérimenter avec les plateformes existantes, investir dans la formation autour de la VR, collaborer avec des créateurs, des développeurs et des artistes pour concevoir des expériences engageantes. Suivre l’évolution et rester à jour des tendances mais également rester patient. Le marché évolue, il faut s’adapter et anticiper les changement mais ne pas s’attendre à une révolution du jour au lendemain. Nous assistons à une progression continuelle du virtuel dans nos vies, vous ne pouvez pas vous permettre d’ignorer cette évolution.
Quel est l’impact potentiel du métavers sur le marché de l’emploi ?
Le métavers pourrait créer de nouvelles professions comme des architectes de mondes virtuels, des designers d’expériences immersives, et des modérateurs de communautés virtuelles. Il pourrait aussi faciliter le télétravail dans des environnements 3D collaboratifs et ainsi remodeler notre façon de vivre dans le réel, en sortant des grandes villes et en nous permettant de nous éparpiller un peu partout.
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