Si l’on en croit ce qu’il se dit chez Facebook, la réalité virtuelle est sur le point de devenir la prochaine révélation.
La technologie a suffisamment progressé pour commencer à estomper la frontière entre le monde virtuel et le monde réel. La réalité virtuelle (RV) progresse de jour en jour, annoncent les employés de Facebook, grâce à des processeurs qui ne cessent de s’améliorer, à l’intérêt que lui portent les grandes entreprises, et bien sûr, grâce au propre investissement de Facebook l’an dernier dans Oculus, le développeur d’un casque RV qui a fait parler de lui.
Une innovation qui offre de nouvelles expériences
« Tôt ou tard, vous voudrez en faire partie », affirme Michael Abrash, scientifique en chef à Oculus la semaine dernière, dans un discours introductif à l’occasion de la Game Developer Conference de San Francisco. Mais même quelqu’un d’aussi optimiste qu’Abrash au sujet de la RV reconnaît qu’il y a toujours énormément de détails ennuyeux à prendre en compte. Sans compter Abrash et l’enthousiasme de son entreprise, ce sont ces petits détails qui vont déterminer si la RV deviendra un jour une technologie innovante utilisée à travers le monde ; et d’après ce que j’ai pu voir, j’ai de sérieux doutes à ce sujet.
Après avoir testé la dernière version test du casque Oculus de Facebook en janvier au Consumer Electronics Show, je peux vous dire que l‘expérience est tellement immersive que notre cerveau pourrait croire qu’il s’agit du monde réel et non du monde virtuel.
Dans ma démo, je me tenais sur le rebord d’un bâtiment virtuel et j’en ai presque eu le vertige. Et j’ai dû me faire violence pour m’arrêter de trembler tandis que les balles virtuelles fusaient dans ma direction. Les images semblaient réelles et le système était capable de les visionner sans aucune latence, source de nausée.
Une démo, montrée lors du discours introductif, a prouvé que l’expérience virtuelle que peut offrir Oculus ne cessait de s’améliorer. Elle mettait en scène le largage d’un petit vaisseau spatial depuis un vaisseau mère, du point de vue du pilote. En tant que pilote virtuel, le joueur pouvait regarder en haut ou en bas, à gauche ou à droite pour voir les différentes commandes du cockpit ou l’environnement extérieur virtuel.
Dans un futur proche, Facebook prévoit d’incorporer dans sa page d’accueil la possibilité d’afficher des vidéos donnant à ceux qui la regardent, la vision d’une scène à 360 degrés. La vidéo étant rotative, ils pourront faire un panoramique pour voir ce qu’il y a autour d’eux. L’entreprise veut aller plus loin en offrant aux utilisateurs la possibilité de partager des moments (comme la première fois où un enfant fait du vélo) avec des amis ou en famille, dans un format qui leur donne l’impression d’y être.
Facebook doit néanmoins faire face à de nombreux problèmes
Mais Facebook a encore du chemin à faire avant de pouvoir réellement offrir ce genre d’expériences. Et il y a une multitude d’obstacles à surmonter. Certains sont d’ordre pratique. Facebook doit encore annoncer la date officielle de la sortie du casque Oculus Rift aux consommateurs, le prix de l’objet, l’équipement nécessaire pour l’utiliser et ce qu’ils seront capables de faire avec.
Pendant ce temps, certaines des réponses déjà apportées par Facebook et Oculus vont probablement limiter la demande. Les consommateurs ne pourront l’utiliser qu’avec un jeu PC ou tout autre ordinateur disposant d’un processeur graphique dernier cri. Donc si vous espériez jouer à un jeu Xbox ou PlayStation avec ce produit, tant pis pour vous. Le prix de l’ordinateur dernier cri ajouté au prix du casque Oculus devrait coûter au moins 900 euros, un tarif bien supérieur à ce que les consommateurs sont prêts à dépenser. Et au moins au début, l’appareil Oculus sera connecté au PC par câble, ce qui ne laisse pas beaucoup de possibilités quant à l’endroit et la façon dont on l’utilise.
D’autres problèmes subsistent. Pour le moment, vous ne pouvez ni toucher ni sentir quoi que ce soit dans l’environnement virtuel que crée Oculus. L’utilisateur manque également de sensations et ne voit pas ce qu’il fait de ses mains ou de son corps. Aussi bons soient les effets visuels d’Oculus, ces défauts peuvent briser l’illusion qu’il crée.
Même les nouvelles vidéos sphériques de Facebook ne sont pas acquises. Bien qu’elles puissent paraître super, quelques consommateurs possèdent des caméras capables de les créer, et quelques vidéos commerciales ont déjà été filmées avec ces caméras.
Qu’en est-il des consommateurs ?
Plus largement, on ne sait pas précisément, sans tenir compte du jeu, combien de temps les utilisateurs souhaiteront passer dans les mondes virtuels, peu importe à quel point ils sont réalistes, notamment s’ils doivent porter un casque volumineux, sanglé, et cher.
Bien que Facebook voie en Oculus un outil de réseau social, ces casques, de par leur nature, créent une barrière entre les utilisateurs et le monde réel qui les entoure. Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi quelqu’un voudrait mettre un casque pour voir virtuellement un film avec des amis, chose que Facebook met en avant, quand ils peuvent regarder ce même film dans le monde réel avec leurs amis, juste à côté d’eux sur le canapé ou au cinéma.
En conclusion, bien que la réalité virtuelle ait largement progressé et bien qu’Oculus soit vraiment impressionnant, je ne suis pas vraiment convaincu qu’il s’agisse de la prochaine révélation.