Face aux nombreuses possibilités et à la liberté de création offertes par la réalité virtuelle, certains vétérans du jeu vidéo se montrent très enthousiastes. Après avoir quitté l’industrie, parfois depuis de longues années, ils amorcent aujourd’hui leur retour pour donner vie à de nouveaux projets jusqu’à présent utopiques.
Parmi ces joyeux revenants, on compte par exemple Phil Fish, créateur du célèbre Fez. Malgré le succès de son jeu, écoulé à plus d’un million d’exemplaires, ce développeur indépendant a choisi de se retirer en 2014. Excédé par l’atmosphère impitoyable du marché vidéo-ludique, il fut victime d’un burn-out.
Depuis l’âge de 10 ans, Fish est fasciné par la réalité virtuelle. Aujourd’hui, grâce à l’essor des casques grand public comme l’Oculus Rift ou le Vive, l’homme peut enfin réaliser ses projets les plus fous. Le mois prochain, son studio Kokoromi, composé de quatre passionnés, sortira le jeu RV Superhypercube.
Ce titre s’apparente à un jeu de puzzle dans la lignée du traditionnel Tetris. Immergé dans un univers coloré à 360°, le joueur doit bouger physiquement pour tourner des pièces afin qu’elles s’incrustent correctement dans un mur. Avec ce concept, Kokoromi souhaite reprendre les bases du jeu vidéo pour les adapter à la réalité virtuelle.
Le jeu Superhypercube fait partie du line-up de lancement du casque PlayStationVR, dont la date de sortie est prévue pour le 13 octobre. Il sera proposé au téléchargement pour la somme de 29,99 dollars.
La possibilité de créer des mondes virtuels
Monsieur Fish et ses compères de Kokoromi sont loin d’être les seuls « anciens » du jeu vidéo à s’intéresser de près à la réalité virtuelle. Selon Paul Bettner, co-créateur du jeu Words With Friends, la réalité virtuelle est « la chose la plus importante qui soit arrivée au divertissement interactif depuis des décennies ». Ce développeur est notamment à l’origine du jeu de plateforme en RV Lucky’s Tale.
De même, les créateurs du légendaire jeu PC Myst, daté de 1993, sont récemment revenus sur le devant de la scène avec Obduction. Successeur spirituel du fameux jeu d’énigmes, ce titre est aussi bien compatible avec les ordinateurs standards qu’avec les casques de réalité virtuelle.
Pour tous ces doyens du jeu vidéo, c’est la capacité de la réalité virtuelle à créer une sensation de présence physique qui est particulièrement intéressante. Cette illusion est rendue possible non seulement par la vision à 360°, mais aussi par la 3D, l’audio spatialisé, et la technologie de head-tracking.
Comme l’explique Rand Miller, co-designer de Myst et Obduction, l’objectif de ces créateurs a toujours été de concevoir de véritables mondes, et non juste des jeux vidéo. Or, c’est exactement ce que propose la réalité virtuelle. Permettre de voyager dans un endroit différent sans même devoir essayer.
Le jeu vidéo en RV, bien plus qu’une histoire d’argent
Certes, la réalité virtuelle n’est pas encore entre dans les mœurs du grand public. Pour certains sceptiques, le prix des casques HMD, ou encore les problèmes de nausée qu’ils provoquent chez certains, empêcheront cette technologie de prendre son envol.
Il y a quelques jours, le CEO d’Apple, Tim Cook, a par exemple prophétisé que la réalité augmentée serait plus attrayante pour le consommateur lambda que la réalité virtuelle. Au fil du temps, le chef d’entreprise prédit un intérêt commercial moins important pour cette seconde technologie.
Malgré tout, les possibilités infinies de création offertes aux développeurs par la réalité virtuelle fascinent les développeurs, comme la lueur vacillante d’une bougie attire les papillons de nuit. Pour Phil Fish, peu importe si le PlayStation VR s’écoule à 100 000 unités ou s’il trouve 10 millions d’acheteurs. Les casques RV signent le début d’une nouvelle ère pour le monde du jeu vidéo, une époque naissante où tout encore doit être inventé. Les passionnés l’ont bien compris, et comptent en profiter pour accomplir leurs rêves d’enfants.