L’inventeur de la réalité virtuelle dénonce Facebook et Google et les qualifie d’« empires de la modification comportementale ». Selon lui, les problèmes de fausses informations et d’exploitation des données personnelles que nous rencontrons aujourd’hui sur les réseaux sociaux et moteurs de recherches sont liés à une erreur commise aux débuts d’internet…
La TED Conference 2018 prend place à Vancouver, Canada, du 10 au 14 avril. Dans le cadre de cet événement, Jaron Lanier, considéré comme l’un des inventeurs de la réalité virtuelle, s’est exprimé devant une audience composée en grande partie de géants de la tech tout droit venus de la Silicon Valley.
Tout en sachant que ses propos risquaient d’offenser ce public, Lanier n’a pas hésité à profiter de l’occasion pour dénoncer virulemment les problèmes liés à l’hégémonie de Google et Facebook. Rappelons en effet que ces entreprises sont actuellement au coeur d’une vive controverse liée à la collecte de données des consommateurs.
L’inventeur de la réalité virtuelle prend position suite au scandale Facebook / Cambridge Analytica
Facebook, tout particulièrement, fait l’objet d’un scandale d’une envergure inouïe qui a conduit Mark Zuckerberg devant le Congrès. Pour cause, un lanceur d’alerte a récemment dévoilé que les données de 87 millions d’utilisateurs du réseau social ont été collectées illégalement afin d’influencer les élections présidentielles de 2016 en faveur de Donald Trump.
Suite à cette sombre affaire, de nombreux utilisateurs ont décidé de quitter la plateforme. En outre, beaucoup d’internautes ont la sensation d’être manipulés et d’avoir perdu le contrôle de leurs informations personnelles.
Facebook et Google : une « erreur tragique » commise à la fin des 90’s
Aux yeux de Jaron Lanier, le fond du problème de Facebook et Google découle d’une « tragique erreur » commise entre le début des années 1990 et la fin des années 2000. Selon ses dires, lors de l’apparition de la culture numérique, les entreprises de la Silicon Valley se sentaient investies d’une mission socialiste. La Silicon Valley dans son ensemble considérait que l’internet dans son ensemble devait être totalement gratuit et public.
Toutefois, en parallèle, des entrepreneurs et des titans industriels comme Steve Jobs étaient au coeur de cette communauté. Or, quand tout est gratuit, pour qu’une entreprise soit rentable, elle n’a d’autre choix que de recourir à la publicité. C’est pourquoi les services comme Google et Facebook étaient proposés gratuitement, à la seule condition que les utilisateurs se laissent imposer des publicités.
Facebook et Google sont devenus des « empires de la modification comportementale »
Au départ, on pouvait considérer ce compromis comme un échange cordial. Malheureusement, les entités qui avaient recours à ce système ont pris de l’expérience et ont décidé de maximiser leur profit. C’est ainsi que la publicité s’est transformée en « modification comportementale ».
Si cela ne suffisait pas, sur les réseaux sociaux, les stimulis négatifs comme les fausses informations et les autres contenus visant à manipuler prennent le dessus sur les informations véridiques ou positives. Pour cause, les émotions négatives se propagent plus vite que les émotions positives. De fait, aujourd’hui, pour Jaron Lanier, les entreprises comme Facebook ne sont plus des réseaux sociaux, mais des « empires de la modification comportementale ».
L’inventeur de la réalité virtuelle souhaite qu’internet retrouve ses valeurs d’antan
Aux yeux de Jaron Lanier, la seule solution est désormais de faire marche arrière, de remonter le temps, et de revenir aux sources. Les géants de la Silicon Valley doivent à nouveau croire en la gratuité totale d’internet.
Si ce n’est pas possible, alors il serait encore préférable de proposer des moteurs de recherche et des réseaux sociaux payants. Tout comme Netflix est parvenu à convaincre les utilisateurs de payer pour du contenu de qualité, Google et Facebook pourraient être proposés sur un modèle d’abonnement et garantir en échange l’intégrité de leurs services.
Cet audacieux discours s’est soldé par un tonnerre d’applaudissements de la part du public de la TED Conference. Emu par cette ovation, Jaron Lanier a tenu à préciser qu’il ne cherche pas à diaboliser Google et Facebook. A ses yeux, ces entreprises ne sont que des victimes « au même titre que le reste d’entre nous ».
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